Compte rendu Balade Celtique 2016 - Episode 2

Vendredi 3 juin :

Un petit rayon de soleil apprécié à sa juste valeur vient caresser nos cagouilles Eriba. Tout le monde en profite pour se trempouiller les pieds. Les chiens sont à la fête, surtout Lonie qui se jette à plat ventre dans toutes les flaques qu'elle croise. Prune est plus timide et Max hésite à suivre. Gilbert s'est mis au soleil dans son fauteuil pour regarder tout ce remue-ménage animalier.

objet non identifié

Nous prenons à nouveau la route des gorges et nous arrêtons en face de Hauterives, petit village engoncé dans la montagne. Il n'y a pas d'eau au village qui est ravitaillé par une tyrolienne et que l'on peut rejoindre par une barque commune lorsque la hauteur de l'eau le permet. C'est un véritable joyau à flanc de montagne que surplombe un ancien château. De gros escargots nous montrent les cornes sur le bord de la route et Christiane nous met l'eau à la bouche avec sa recette typiquement nîmoise. J'ai réussi à lui arracher en partie son secret et me suis plongée dans mon livre de chevet La cuisine secrète du Languedoc-Roussillon : Après les avoir fait dégorger, faites cuire les escargots dans un bon bouillon en les laissant gentiment dans leur coquille. Faites roussir du jambon cru ou du lard, de la longanisse piquante, des oignons, des anchois pilés, des noix, du persil et y incorporer des épinards. Dans cette sauce qui doit être épaisse, faites mijoter les escargots, toujours dans leur coquille. Chaque escargot doit "emporter sa sauce" comme on dit dans le sud. Un petit conseil quand même : ne mangez pas les coquilles…..

Nous traversons le village de Cauquenas où nous sommes arrêtés par un troupeau de mouton, son berger et ses chiens. Martine, qui se plaignait de ne pas voir de brebis, a été servie et un délicieux parfum d'ambiance a imprégné les voitures. En route pour le panorama du Point Sublime qui mérite largement son nom. En bordure des corniches, ce point de vue sur 180° des Gorges du Tarn se situe sur le Causse de Sauveterre, à l'aplomb du Cirque des Baumes. Sur l'autre versant, les falaises du Causse Méjean. Le temps nous est propice, aussi certains pique-niquent soit au bord du ravin pour les vrais pique-niqueurs purs et durs assis à même la roche d'où ils admirent les vautours au-dessus d'eux tout en grignotant les petits gâteaux secs à la tomate séchées ou au courgette de Gilles, soit sur le pré pour les pique-niqueur qui apprécient le confort avec tables et chaises, pendant qu'un dernier groupe de joyeux gaulois s'en va manger au snack-bar tenu par un jeune couple qui propose des grillades au feu de bois. La maîtresse de maison est une gaie luronne qui répond du tac au tac aux plaisanteries de Gaby. Repas simple mais délicieux et un accueil sans pareil.

Nous reprenons la route pour nous arrêter au panorama des Vignes et poursuivons sur celui du roc des Hourtous, véritable balcon du Causse Méjean qui surplombe de 500 mètres la partie la plus étroite des gorges du Tarn : les détroits. Là encore Michel Cabanel nous fait découvrir une vue panoramique stupéfiante, suspendu au-dessus du vide. Nous entrevoyons dans les alentours quelques orchidées qui abondent au printemps et dans les gorges, les vautours viennent nous saluer de loin. Pour les attirer, le gardien des lieux conseille à Héma de s'allonger au sol au milieu du terre plein et à nous de nous cacher derrière les pins. Héma s'exécute sans difficultés prête à se sacrifier pour faire venir les vautours curieux, mais Robert est le seul à se cacher derrière les branches. A ce moment-là, Michel Cabanel fonce sur l'arbre en le secouant, dégageant ainsi un énorme nuage de pollen d'où l'on voit surgir Robert, tel un diable qui apparaîtrait dans un nuage de souffre. Les vautours n'ont pas besoin de proie, ils sont très coopératifs et viennent tourner autour de nous. Vautours percnoptères reconnaissables à leur couleur claire et vautours moines, arrivent aimablement pour nous saluer avec grâce. C'est un régal et les photographes s'en donnent à cœur joie.

Retour par les petites routes en lacet où, au détour d'un virage, nous percevons un petit joyau : le village de La Malène, incrusté dans le roc comme un diamant dans le chaton d'une bague. On ne peut que faire une pause pour admirer son manoir du 15è siècle, l'église romane St Jean Baptiste du 12è, classée aux Monuments Historiques et les ruines du Castel Merlet, le plus vieux château de France connu.

Samedi 4 juin :

Nous partons à 8h30 en voiture pour une marche dans le parc national des Cévennes. C'est à une dizaine de kilomètres de Florac que nous avons rendez-vous au Cham des Bondons. Avec ses 154 menhirs de granit recensés à ce jour, le site constitue la deuxième concentration de monuments mégalithiques en Europe après les alignements de Carnac en Bretagne. Il s'agit du plus ancien monument humain en France. Ce n'est que depuis les années 1980-1990 que le site est remis en état. Les menhirs ne sont pas disposés de manière rationnelle et c'est tout au long du chemin qu'ils sont semés. Il y a du vent, les pentes sont raides parfois, il pluviote et il fait froid, mais rien de tout cela ne nous perturbe tant la découverte est exceptionnelle. Michel Cabanel nous indique au loin deux mamelons de marne noire ayant résisté à l'érosion : le Puech Allègre et le Puech Mariette. La légende dit qu'ils sont nés de la boue tombée des sabots de Gargantua. Michel a toujours une anecdote à nous servir, mais la prochaine le concerne. Sur le bord du sentier se trouvent une multitude de pyramides de cailloux érigées par les promeneurs. Ces cairns (du mot celtique karn) sont sensés réaliser votre vœux à chaque pierre posée qui garde l'équilibre. Nous nous empressons bien évidement de faire notre petit cairn "éribatique". En repartant de là, Michel Cabanel se prend les pieds dans un fil de fer et chute. Jeanpi de s'exclamer : « D’après toi, c’est lequel de nous qui a fait le vœu que tu te casses la figure ? » Nous ne le saurons jamais !

Nous continuons notre périple en passant par Les Combettes, petit hameau situé sur une voie romaine, encore habité par quelques irréductibles. Il y a beaucoup d’abeille et un essaim s’est installé dans un pan de mur percé d’un orifice et orné d’une maxime latine : « Quoi que tu fasses, fais le prudemment, et regarde la fin (la finalité). L’homme ne fait rien de si secret qui ne soit un jour révélé. » Nous reprenons les voitures pour notre prochain rendez-vous au lac de Barrandon. Sur la route, les genêts colorent de jaune les versants de la montagne. Christiane nous dit qu’on les appelle les mimosas lozérien, ce que conteste fermement Gilbert car pour lui c’est du mimosa cévenol. Il défend son païs !

Monique, Myriam et Robert nous ont installé l’aire de pique-nique au bord du lac. Après nous être restaurés, nous agrippons nos cannes à pêche pour taquiner la truite. Martine se jette à l'eau la première. Façon de parler bien sûr! Elle pêche tout d’abord un bouquet d’herbe avant de nous ramener très rapidement une belle truite. Jean-Claude prend la relève mais se fait sucer son maïs. Je vous laisse juge de la gourmandise des truites… Laurence, la fille de Gilles, a pris la plus grosse truite qui fait bien son kilo. Nous sommes deux à rentrer bredouille. Votre servante, bien évidemment, et Christian qui n'a pas voulu que je sois la seule à me couvrir de honte. Il y aura quand même une truite par personne que nous dégusterons tous ensemble le lundi suivant.

Nous faisons une halte au village de La Fage où le mari de Marinette, un vieux Lozérien qui a envie de se raconter, nous parle du "temps longtemps". On pourrait l'écouter des heures nous parler de la rudesse de ce pays dont il est amoureux. Marinette nous accueille dans la cour de sa ferme et nous dévoile les sculptures sur bois de son époux. Croix, chapelet, mais aussi écuelle, couverts, soupière et broc le tout sculpté, creusé, avec de simple outils de sabotier. Sur le retour, passage dans le vallon d'Ispagnac à Quézac, entre Mt Lozère, Causses et Cévennes. Une petite pause au panorama de Quézac où l'eau, naturellement pétillante, est exploitée depuis 1995 redonnant vie au pays en procurant des emplois. Une fois au camping, il faut s'attaquer au nettoyage des truites qui, à quatre, ne dure que peu de temps. Jean Claude, en habitué, va battre tous les records. Le soir, chacun dîne sous son auvent, seuls ou entre amis. Héma nous a concoctés un plat de poulet indien épicé juste ce qu'il faut, accompagné de riz et achards légumes. Lorsque l'orage nous surprendra, nous le dégusterons sous notre auvent mais l'emplacement de Joe et Héma est inondé. Ils se déplaceront le lendemain matin.

Demain est un autre jour que je vous conterai bientôt. Les choses sérieuses vont commencer et en costume s'il vous plaît ! Il nous reste une semaine de jeux, de partage et de bonne humeur.

la suite un peu plus tard en 2 épisodes les n°3 et n°4.

Babette à un talent inné pour les comptes rendus et elle est très prolifique.